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Kadija Bah, entrepreneure guinéenne au service du développement social et de l’autonomisation des femmes

ACTIVITÉS SECTORIELLES

Kadija Bah, entrepreneure guinéenne au service du développement social et de l’autonomisation des femmes

Portrait-Eco-Week : Kadija Bah développe depuis plus de deux décennies des projets à l’intersection de l’entrepreneuriat, des médias communautaires et de l’action sociale. Engagée dans la formation, l’inclusion numérique et la défense des droits des femmes, elle mène des initiatives orientées vers l’éducation, l’emploi et l’autonomie des jeunes et des filles en Guinée.

Un parcours hybride entre communication, entrepreneuriat et action sociale

 

Formée à l’IICP à Paris (2002-2003), puis à l’Université du Québec à Montréal (2004-2008), Kadija Bah a poursuivi un Master en développement durable et responsabilité sociétale des entreprises (RSE), qu’elle relie directement à ses engagements sur le terrain. Ce parcours académique atypique lui a permis de structurer une approche globale des questions sociales et économiques.

Elle débute sa carrière en 1998 en créant Ladies In Management, une agence de communication destinée à favoriser l’employabilité des jeunes femmes dans un secteur encore très masculinisé. Très tôt, elle inscrit son travail dans une logique d’impact social.

Son action a été reconnue à plusieurs reprises. En 2014, elle reçoit le prix du Meilleur espoir féminin décerné par le magazine Gmouma, et en 2017, le Prix Africain du Développement (PADEV), saluant son engagement en faveur des droits des femmes et de l’entrepreneuriat social.

À la tête des Bluezones : jeunesse, innovation et service public

 

Depuis 2014, Kadija Bah est directrice des opérations et du développement des Bluezones de Conakry, un projet du groupe Bolloré. Ces espaces sécurisés offrent un accès à Internet, des infrastructures sportives, culturelles et éducatives dans plusieurs quartiers populaires de la capitale.

Elle y voit un outil de service public :

« Ces espaces permettent aux jeunes de se regrouper dans de bonnes conditions, de travailler, de se former, d’innover. C’est un projet concret, qui répond à des besoins réels », explique-t-elle.

Son rôle dans la gestion des Bluezones lui a permis d’articuler son expertise en développement durable avec une démarche ancrée dans la réalité urbaine guinéenne.

Kadi FM : donner la parole aux femmes

 En 2021, elle lance Kadi FM, une radio communautaire dédiée à la jeune fille et à la femme, portée par la Fondation Kadija Bah. L’objectif est double : sensibiliser sur les droits des femmes et offrir un espace de visibilité à des parcours féminins souvent invisibles dans les médias traditionnels.

Elle y anime l’émission Boss Lady, centrée sur les trajectoires professionnelles et personnelles de femmes guinéennes.

« Il faut montrer des exemples positifs, raconter les histoires réelles derrière les carrières », résume-t-elle.

La fondation, à l’origine de la radio, travaille aussi sur des programmes de sensibilisation aux violences basées sur le genre, l’éducation des filles, et l’égalité professionnelle.

Une approche critique du développement

Kadija Bah prend régulièrement la parole pour souligner les limites des politiques publiques guinéennes, notamment en matière de jeunesse. Elle évoque l’absence d’une vision nationale partagée, qu’elle qualifie de « rêve guinéen non formulé », et insiste sur la nécessité de mieux considérer la jeunesse comme une ressource pour le pays.

Ayant vécu au Canada, elle établit un parallèle entre la valorisation de la jeunesse ailleurs et son sous-emploi en Guinée.

« Le développement, ce ne sont pas seulement les routes ou l’électricité. C’est d’abord l’investissement dans l’humain », affirme-t-elle dans plusieurs interviews.

Un leadership en marge des cadres classiques

 À travers ses différents engagements, Kadija Bah construit un leadership qui échappe aux formes institutionnelles traditionnelles. Ni issue de l’administration publique, ni militante politique, elle agit à travers des structures privées ou associatives, en lien avec le terrain.

Elle reste consciente des défis que cela représente pour une femme en Guinée. Le cumul des rôles, la nécessité d’une organisation rigoureuse, les stéréotypes persistants : autant d’obstacles qu’elle identifie et analyse avec lucidité.

« Il faut beaucoup de discipline, mais surtout de la confiance en soi. C’est ce qui fait la différence. »

Une trajectoire qui s’inscrit dans le temps long

 Kadija Bah continue de travailler à la structuration de projets à impact durable. Présidente de FC Colombe, une initiative pour l’éducation des jeunes filles à travers le football, elle multiplie les supports — sport, culture, médias — pour toucher différents publics.

Djibril Bah

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